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Auður Ava Ólafsdóttir, Ör

Jónas Ebeneser, âgé de quarante-neuf ans, estime n’avoir plus grand-chose à apporter aux femmes de sa vie, les trois Guðrún que sont sa mère, son ex-femme et sa fille. S’agissant de lui-même, il ne parvient guère à cerner les contours de son être et ne voit pas ce qui pourrait lui donner l’élan de persévérer dans son existence. « Je ne sais pas qui je suis. Je ne suis rien et je n’ai rien », déclare-t-il à sa mère. Mais l’esprit égaré de son grand âge, tel « un émetteur qui ne capterait plus le signal », ne lui permet pas d’entendre l’expression du malheur de son fils.

C’est alors animé de l’intention de se suicider qu’il part dans un des pays les plus dangereux au monde, à peine sorti des affres de la guerre. Les ruines et les mines parsemant la terre comme lieu de sa mort proche, voilà le cadre posé. Toutefois, en fin bricoleur, il emporte sa caisse à outils et sa perceuse. Métaphore de son attention aux autres, c’est grâce à ces précieuses armes de réparation qu’il va tisser de nouveaux liens avec son existence. Jonas met ainsi son savoir et sa débrouillardise au service des êtres meurtris par la guerre qu’il rencontre à l’Hôtel Silence et alentour. Et il le constate peu à peu : son cœur bat encore. Cela suffira-t-il à le faire renoncer à son désir d’en finir ?

Avec poésie, humour et sensibilité, l’écrivaine islandaise Auður Ava Ólafsdóttir nous entraîne sur les pas égarés de Jónas. Elle nous invite ainsi à réfléchir sur nos propres cicatrices – telle est la signification du terme « ör » –, et sur notre capacité à les surmonter pour maintenir le fil ténu de nos existences.

Ör
Audur Ava ÓLAFSDÓTTIR
Éditions Zulma, 2020
Traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson
208 pages

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