5 min de lectureTrajections

PUBLICATION

Résumé

« Trajections » : expression de ces morceaux de soi et des autres qui, à force d’éjection, se concentrent pour dégager, peut-être, le rythme d’un trajet d’existence. Laisser les émotions prendre corps, les sentiments se définir, les pensées s’asseoir, les réflexions cheminer. Textes découpés dans le vif au cours d’une dizaine d’années. Ne pas aller chercher les mots, mais les laisser venir à soi et se formuler après une lente infusion intérieure ou dans l’intensité fugace de l’instant. Retenir ensuite les fragments susceptibles de caractériser le pouls fragile d’une existence en quête d’elle-même. La mort claque la porte bien souvent – mélancolies, ruptures, pertes –, mais la joie parvient aussi à s’immiscer entre les filets de notre précarité, surgissant comme une grâce à même d’effacer la peine et de manifester l’attachement au réel.

Les textes ne sont pas restés nus sur les pages ; ils se sont associés aux dessins de Chantal Ortillez, là comme autant de respirations venues scander le cheminement de ces fragments.

Écoute

Extraits du livre lus par le comédien Aurélien Métral de la Cie de théâtre Les Chapechuteurs :

 

Extraits

« L’existence qui se décide à exister, c’est-à-dire qui est en acte, se supprime elle-même comme existence possible et renonce à une partie de soi, tout de même qu’elle renonce à être les autres êtres ; l’affirmation de l’existence est donc croisée par la négation des possibles qui ne seront jamais plus. C’est le prix dont s’achète ici-bas, l’érection de tout être. De là le vertige et l’angoisse de l’option : l’option est la chose du monde qui ressemble le plus au suicide, car elle anéantit tous les possibles sauf un, qui est possible a fortiori, puisqu’il devient réel. »

Vladimir Jankélévitch, L’Alternative.

Les sentiments enfantins, les rêves tourbillonnants. Les mots adolescents. Tout déjà écrit et recopié cent fois sur des feuilles éparses. Rangé, laissé longtemps au placard, dans le cahier au grain de cuir marron.

Tourner le vide dans tous les sens comme on triture un bout de carton au creux de l’ennui. Non-sens, insensé, pas-se-lassé. Battu et rebattu, scalpé, extrapolé, revisité, vécu.

[…]

Paroles âgées, anciens échos dont on voudrait tirer toute la sève. Substantifique tension avant l’effacement définitif des traces qui ont dû creuser en nous quelques microsillons. Se les approprier pour limiter la nullité des générations.

Saveurs légères de la vie ordinaire. Défilé d’horaires. Discussions passagères. Pour se remettre. Se démettre, s’entremettre.

[…]

Chercher les rires avec les morts aux trousses et le froid dans le corps. Attendre le changement de saison, la tournure radicale des mois écrabouillés. Descendre encore, continuer sur la pente sournoise.

[…]

On se dit qu’il doit rester quelque chose comme une soif de vie le jour où l’on se met à apprécier les dimanches.

Ne pas oublier le sautillement du merle.

[…]

Elle a tenu la poignée de la fenêtre de longues minutes, laissant son regard errer sur les zébrures du mur d’en face, et a repensé à ces mots : vivre c’est-à-dire « ne pas s’être suicidé ». Tout repartait, devait repartir toujours de ce point zéro où tout est susceptible de s’effondrer. Aucun pas, aucun élan n’était concevable sans cela.

[…]

Le même jour apprendre une mort et une naissance. De quoi humer les échos absurdes du cercle interminable. Électroencéphalogramme plat – première couche culotte. Décapante équation du cycle infernal du linceul et du bavoir.

[…]

D’où vient ce subit sentiment de bien-être alors que l’on est empli et bâti des strates du mal-être ? Comment serpente-t-il pour emplir quelque recoin de l’esprit ? À la faveur de quelle minute clémente ? De ces envolées improbables est issu notre attachement au pire.

[…]

Réaliser subitement qu’on a passé le cap, que la Faucheuse stimule autant qu’elle accable, que le rire remporte souvent la partie, que la joie persiste telle une hallebarde dressée devant l’accablement des jours mornes.
Peut-être quittera-t-on délibérément la route, mais ce sera sans doute parce que l’on sent qu’il est l’heure et non pas en raison d’un trop plein de bile.

[2004-2014]

Trajections
Emma BRUYAS-VEYRAT
Édition Bellier
2016
86 pages
ISBN : 978-2-84631-326-1
Textes accompagnés des dessins de Chantal ORTILLEZ (14 dessins noir et blanc réalisés à l’encre de Chine)
Prix public : 14 € TTC – Sortie du livre : octobre 2016

 

Points de vente

Le livre peut être commandé. Vous pouvez aussi le trouver directement dans les points de vente suivants :

  • Librairie Decitre
    Lyon
  • Librairie Le Bal des Ardents
    17 rue Neuve, 69001 Lyon
  • Librairie Mise en Page
    45 avenue des Frères Lumière, 69008 Lyon
Autour du livre
  • Présentation de l’ouvrage sur le site de l’Université Jean Moulin Lyon 3
  • Participation à la scène ouverte de la soirée « Escale poétique » organisée par l’association « De la Cour au Jardin : à la Croisée des Arts » : lectures de textes du livre (18 novembre 2016)
  • Autour des Trajections : temps d’échange et de lecture performée (8 décembre 2016, Université Jean Moulin Lyon 3)
  • « Escale poétique » organisée par l’association « De la Cour au Jardin : à la Croisée des Arts » : lectures d’extraits de « Trajections » et exposition de dessins de Chantal Ortillez réalisés pour le livre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.